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Comment choisir son poisson de façon écoresponsable?

8 mars 2022

Hubert Cormierss

Docteur en nutrition

Temps de lecture 3 minutes
Comment choisir son poisson de façon écoresponsable?
Il semble absurde aujourd’hui d’avoir cru un jour que les océans recelaient des ressources inépuisables et que les activités commerciales liées à la pêche continueraient à se développer sans conséquences sur l’écosystème. Devant des réserves de poissons en piètre état, les scientifiques ont souvent sonné l’alarme. Mais comment faire sa part en tant que consommateur et faire des choix écoresponsables à la poissonnerie? Cap sur la pêche durable et les bonnes pratiques à adopter.

Pourquoi manger du poisson?

En plus de son goût délicieux, le poisson offre plusieurs avantages pour la santé. Riche en divers minéraux, le poisson a également une teneur élevée en protéines et en acides gras oméga-3. Ces derniers, essentiels au développement et au fonctionnement du corps, ont un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires. Les poissons gras tels que le saumon, la sardine, la truite et le maquereau en sont une bonne source.

Cependant, avec le problème mondial de la surpêche, exacerbé par la crise climatique, il est légitime de se demander s’il ne vaudrait pas mieux arrêter complètement de manger du poisson. La réponse est nuancée, mais une chose est claire: mieux choisir vos poissons est un pas dans la bonne direction.

5 façons écoresponsables de choisir un poisson

1. Faire de nouvelles découvertes!

Si le saumon figure sur votre liste d’épicerie semaine après semaine, pourquoi ne pas sortir de votre zone de confort et oser varier? En consommant diverses sortes de poissons, vous contribuerez à éviter l’épuisement des stocks d’une même espèce. Parlez-en à votre poissonnier. Ce dernier pourra vous guider et vous proposer des substitutions intéressantes. Une belle occasion de découvrir de nouvelles recettes!

2. Privilégier les petites espèces

En plus de représenter d’excellentes options non seulement en matière de pêche durable, mais aussi de santé, les petits poissons sont souvent moins dispendieux. Essayez les sardines, les anchois, le maquereau ou le hareng! En les choisissant, vous encouragez la diversité de la pêche et, par conséquent, vous réduisez la pression sur les poissons populaires.

De plus, la consommation de petits poissons permet de rentabiliser les prises accessoires, c’est-à-dire toutes les petites espèces qui sont prises dans le filet par erreur par les pêcheurs. Ces prises accessoires peuvent atteindre 40 % du volume des poissons pêchés, alors il est primordial de les utiliser, plutôt que les jeter!

3. Opter pour des poissons d’ici

Le Québec est bordé par l’océan Atlantique, et plusieurs régions côtières vivent de la pêche. Les poissons et les produits de la mer sont donc au rendez-vous. Alors, pourquoi choisir du poisson importé venant de l’Asie ou de l’Amérique latine? En plus d’encourager le commerce local, l’achat de produits québécois est gage de qualité.

Le site Web Fourchette bleue publie annuellement une liste des espèces du Saint-Laurent que vous devriez prioriser. Cette année, le merlu argenté, le flétan de l’Atlantique et la baudroie d’Amérique figurent dans cette liste. Pour découvrir le flétan, cette recette de tacos au cheddar et au poisson est idéale! Également, visitez le site Web Pêchés ici, mangés ici pour avoir un portrait fidèle de ce qui est pêché au Québec!

4. Les poissons d’élevage, une bonne idée?

Puisque certaines techniques de pêche en haute mer sont nuisibles et que les fonds marins s’épuisent à vitesse grand V, sélectionner des produits issus de l’aquaculture peut sembler une bonne idée… Encore une fois, la réponse est nuancée, et tout dépend plutôt des pratiques d’élevage. En grande majorité, l’aquaculture au Québec est pratiquée de façon responsable, et vous pouvez acheter des produits de qualité sans problème.

En revanche, les élevages ne sont pas tous égaux, loin de là! Certains endroits, comme la Chine ou l’Asie du Sud-Est, ont des pratiques d’élevage peu encadrées dans des conditions menées par le rendement à tout prix. Les produits qui en proviennent sont considérés comme les pires pour la planète! En plus, la plupart des poissons de ces élevages en pisciculture sont nourris avec de la farine de poisson, ce qui ne freine pas la surpêche dans les océans. D’ailleurs, pour des raisons économiques et écoresponsables, de nombreux pisciculteurs se tournent désormais vers les protéines d’origine végétale pour nourrir les poissons. Bref, avec des conditions sanitaires déplorables et parfois certaines pratiques douteuses, ces produits dits bon marché sont absolument à éviter.

5. Rechercher les certifications

Pour faire de meilleurs choix au supermarché, repérez les logos de certification MSC (Marine Stewardship Council) et ASC (Aquaculture Stewardship Council). Le MSC lutte contre la surpêche, la pêche illégale et les activités qui détruisent l’environnement, tandis que l’ASC gère les produits de l’élevage. Ces logos, bien visibles sur les emballages, sont apposés autant sur les poissons frais que surgelés ou en conserve.

Vous pourriez également opter pour un produit certifié Ocean Wise. Il s’agit d’un programme de conservation des ressources créé par l’aquarium de Vancouver. Le programme permet aux consommateurs de choisir plus facilement des produits de la mer respectueux des océans. Un produit bénéficiant de cette certification n’est pas en danger, est bien géré grâce à des plans à long terme, est pêché de manière à minimiser les prises accessoires et à minimiser la destruction de leur habitat.

Pour ce qui est des autres logos, méfiez-vous-en! Il ne faut pas tous leur faire confiance! Certains logos peuvent vous laisser croire que vous avez affaire à une pêche durable, alors que ce n’est pas toujours le cas.

Finalement, les choix que vous faites au quotidien peuvent avoir un impact réel sur la santé des océans. En variant les espèces de poissons que vous consommez et en optant pour des espèces moins menacées et locales, vous contribuerez à sauver l’industrie de la pêche.


Merci à Hubert Cormier, docteur en nutrition, pour la rédaction de cet article.

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