Pourquoi apprendre à s’affirmer?
Apprendre à s’affirmer est essentiel. On s’affirme pour
- défendre notre intégrité;
- faire respecter nos besoins;
- évoluer en fonction de nos valeurs;
- faire les choses de façon authentique et cohérente avec soi-même;
- prendre sa place au sein de relations/groupes/équipes.
On s’affirme aussi pour ne pas accumuler les non-dits qui nous empoisonnent et nous grugent de l’intérieur. Quand on garde en nous-même notre frustration et nos émotions et qu’on ne les exprime pas, on s’empêche de les comprendre et de pouvoir les utiliser de façon constructive. Les émotions restent activées dans notre for intérieur et font pression pour se faire entendre. Cela peut être sous forme de symptômes psychologiques (par ex., anxiété, dépression) ou même de symptômes physiques (par ex., migraines, maux de ventre).
À retenir: si on ne s’exprime pas directement, notre charge d’émotion, elle, cherchera à s’exprimer autrement…
et pas toujours de façon efficace!
Quelles sont les raisons qui nous empêchent de nous affirmer?
Plusieurs raisons font en sorte qu’on n’ose pas s’affirmer au quotidien. En voici quelques-unes.
- La culpabilité. Crainte de blesser ou d’affecter le bien-être de l’autre.
- La peur de déplaire. Crainte de décevoir l’autre, qu’il nous perçoive différemment, qu’on baisse dans son estime.
- La peur de perdre l’autre ou de perdre son amour. Crainte que l’autre ne nous apprécie plus autant ou qu’il s’éloigne si on lui fait part de ce qu’on ressent réellement.
- La peur de perdre des opportunités. Crainte de «passer à côté de quelque chose».
- La colère de l’autre. Crainte d’activer la colère de l’autre si on s’affirme et de ne pas savoir comment réagir face à sa colère.
- Les influences sociales et culturelles. Absence de modèle nous ayant montré cette conduite. On apprend également ce qu’est l’affirmation de nous-même par nos modèles socioculturels (par ex., parents, normes, religion) dès notre tendre enfance. Ces influences marquent notre propre rapport à l’expression de nous-même, en l’encourageant ou en l’inhibant.
Est-ce toujours approprié de s’affirmer?
On peut avoir l’impression que s’affirmer n’est pas toujours bien perçu. À titre d’exemple, on peut craindre, en milieu de travail, que si on exprime notre désaccord avec notre employeur, notre opinion soit par la suite moins sollicitée. Ou encore on peut craindre d’être catégorisé comme une personne exigeante ou même «hystérique» si on exprime haut et fort nos besoins et nos limites personnels. Il est vrai que l’affirmation de soi n’est pas toujours bien reçue; le défi réside dans l’art d’apprendre à s’affirmer de façon efficace pour que notre point de vue soit entendu tout en respectant la personne à qui on s’adresse.
4 ingrédients pour apprendre à s’affirmer
1. Déterminer ce qu’on veut affirmer
Avant même de commencer à s’affirmer, il est important de tenter de déterminer ce qu’on veut réellement affirmer. Voici quelques pistes de questions à se poser:
- Comment est-ce que je me sens? (ex.: dans la situation qui me rend inconfortable, est-ce que je me sens rejeté? blessé? contraint? dévalorisé?);
- Y a-t-il quelque chose qui me limite ou qui me frustre dans la situation? (ex.: contrainte de temps, ressources insuffisantes, tensions avec un collègue);
- De quoi ai-je besoin? (ex.: besoin de solitude, besoin de plus de temps, besoin d’être entendu, reconnu, soutenu);
- Qu’est-ce qui serait cohérent avec mes valeurs? (ex.: refuser de participer à une tâche si celle-ci empiète sur mon temps personnel ou sur le temps que j’accorde à mon couple ou à mes amis);
- De quoi ai-je peur en m’affirmant? (ex.: décevoir l’autre, le blesser, perdre une opportunité).
2. Exprimer ce qu’on veut affirmer
Une fois qu’on a déterminé ce qu’on veut affirmer, comment fait-on pour l’exprimer? L’art de s’affirmer demande de la pratique, beaucoup de pratique même! C’est important d’y aller graduellement, pas à pas, en commençant par de petits défis. Pour certaines personnes, il sera plus facile de commencer à s’affirmer auprès de proches en qui elles ont confiance, alors que pour d’autres ce sera plus facile de commencer plutôt avec des personnes avec qui ils ont des liens moins significatifs, sentant qu’ils ont moins à perdre. À force de pratique, on développe peu à peu notre capacité à nous exprimer.
3. Faire preuve de bienveillance envers soi
Gardons en tête qu’on doit avoir de la compassion envers nous-même. S’affirmer est un apprentissage! Oui, ce qu’on va dire va sans doute «sortir tout croche» au début. Il se peut que ce soit maladroit, qu’on hésite beaucoup, qu’on soit plus rigide ou encore sur la défensive. Soyons curieux de la manière dont on l’a fait (ex.: est-ce que j’ai été très critique, est-ce que j’ai haussé le ton, est-ce que j’ai laissé à l’autre l’opportunité de s’exprimer, lui aussi?) et laissons-nous l’occasion d’apprendre de nos erreurs. On peut également aviser nos proches que l’on travaille sur notre affirmation, qu’il se peut que ce soit maladroit au départ, mais c’est important pour nous et que ça va aider la qualité de notre relation avec eux au bout du compte. En avisant nos proches, cela les encourage également à avoir plus de compassion envers nous.
4. Être à l’écoute de l’autre
N’oublions pas aussi que ce n’est pas parce qu’on travaille notre affirmation que l’autre suit nécessairement le même cheminement que nous! L’autre était habitué à une certaine dynamique dans la relation (ex.: on le laissait prendre les décisions). Donc, en commençant à nous affirmer plus, ça peut être déstabilisant pour lui. On ne peut contrôler la réaction de l’autre, mais en étant à l’écoute de la réaction que notre affirmation crée chez lui, ça nous permet de repréciser ce qu’on ressent, de reformuler au besoin ou de nous excuser si nécessaire.
Osons nous affirmer pour alimenter notre bien-être psychologique, mais également la qualité de nos relations avec les autres, qui peuvent se développer dans l’authenticité: si je dis, l’autre sait; si l’autre sait, il peut mieux me dire!
Merci à la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier pour la rédaction de cet article.