Le travail hybride, c’est quoi?
Le travail hybride est un mode d’organisation du travail selon lequel une partie des tâches professionnelles sont réalisées sur le lieu de travail et l’autre partie à distance. Le travail hybride comporte plusieurs avantages, notamment:
- échanger régulièrement avec les collègues en personne;
- mener des réunions d’équipe efficaces, surtout à certains moments charnières de projets (ex.: tempêtes d’idées, éléments visuels importants, manipulation de matériel);
- gagner du temps les jours travaillés à la maison: il n’y a pas d’obligation de déplacement;
- exécuter ses tâches exigeant plus de concentration (lecture, rédaction, etc.) dans le calme de la maison.
Cependant, le travail hybride peut occasionner du stress, de la démotivation et de l’épuisement. Il est essentiel d’être attentif à toute manifestation d’inconfort ou de mal-être. Voici certaines difficultés potentielles relatives au travail hybride à considérer pour bien réfléchir à ce mode de fonctionnement.
C’est compliqué, avoir des lieux de travail différents!
Chaque lieu de travail a son propre contexte: un endroit précis, ainsi qu’une organisation, des routines, du matériel et des gens différents (collègues versus membres de la famille). Ce contexte nous aide à encoder en mémoire les informations que l’on vit. Donc, ce que je vis au bureau s’encode selon des repères en lien avec le contexte de travail. Alors que ce que je vis à la maison s’encode selon des repères en lien avec le contexte personnel. Ces repères selon le contexte nous permettent de consolider les informations en mémoire.
Mais en travail hybride, il y a confusion des contextes! La maison n’est plus seulement un contexte personnel, elle devient également un contexte de travail. Il y a des pertes cognitives liées à cette confusion du contexte. Il devient plus difficile de consolider les informations en mémoire, ce qui occasionne notamment des oublis (une moins bonne mémoire!), des difficultés de concentration et une certaine désorganisation.
Trucs pour s’adapter au travail hybride
- Faire certaines tâches seulement au bureau et d’autres aspects du travail seulement à la maison. On permet ainsi au cerveau de s’investir dans un lieu distinct et de mieux encoder les informations;
- Lorsqu’on travaille de la maison, aménager un espace consacré seulement au travail (une pièce ou un coin précis pour travailler. Eh non, pas de travail sur la table de cuisine!). Ce faisant, on redonne au cerveau l’idée qu’il se passe quelque chose de particulier dans cet espace-là;
- Anticiper les obstacles (ex.: comment ne pas oublier mon matériel d’un endroit à l’autre; comment éviter de passer trop de temps sur les réseaux sociaux au lieu de travailler).
Difficulté à séparer vie privée et vie au travail
La limite entre le temps au travail et celui à la maison s’amenuise. Par exemple, on complète un dossier sur le comptoir de cuisine en attendant que le souper réchauffe, ou encore on voit tout ce qu’il y a à ranger dans la maison alors qu’on est en train de travailler.
Il y a aussi un risque de présentéisme numérique, c’est-à-dire se sentir dans l’obligation d’être tout le temps disponible en ligne, au-delà des heures qu’on aurait travaillées au bureau. On empiète ainsi constamment sur du temps qui aurait été destiné à la sphère personnelle. Le risque d’épuisement est très grand. Pour éviter cet épuisement, le droit à la déconnexion est fondamental. On doit pouvoir se déconnecter des outils de communication consacrés au travail en dehors des heures de travail pour maintenir un équilibre.
Trucs pour distinguer le perso et le boulot
- Préciser son horaire: savoir quoi mettre quand (dans des plages précises). Par exemple, les activités sociales à tel moment, l’exercice à tel autre moment, le travail ici, etc.;
- Déterminer des routines. Si les routines sont très différentes entre le milieu de travail et le télétravail, essayer de les modifier pour qu’elles se ressemblent davantage ou à tout le moins de rendre prévisible ce qui peut l’être (ex.: se lever à une heure X, toujours la même, peu importe si c’est une journée au bureau ou à la maison);
- Mettre des limites (ex.: dire qu’après telle heure on n’est plus disponible);
- S’auto-observer et, en fonction de cela, ajuster sa charge de travail. Par exemple, si on trouve qu’on avance moins bien les journées au bureau, on peut organiser notre horaire de la semaine en travaillant un peu plus les journées en télétravail;
- Ne pas hésiter à discuter avec son employeur pour trouver une façon optimale d’adapter le mode de travail en fonction de sa situation personnelle.
Difficulté à maintenir une bonne hygiène de vie en télétravail
Se rendre au bureau tous les jours crée une routine qui aide souvent à structurer nos habitudes de vie. Par exemple, prendre une pause en avant-midi pour discuter avec les collègues, manger un lunch préparé la veille avec un souci de qualités nutritives, ne pas consommer d’alcool au bureau, marcher pour revenir du bureau ou prendre son vélo, etc.
Dans le travail hybride, lorsqu’il n’y a pas de déplacement, on planifie souvent nos rencontres les unes après les autres sans battement, ce qui laisse peu d’espace pour prendre du temps pour soi. On peut oublier de faire des pauses, de sortir prendre l’air, de bouger, de prendre le temps de cuisiner des repas équilibrés. L’accès facilité à la nourriture qui fait en sorte qu’on peut grignoter à n’importe quel moment peut devenir une habitude néfaste. Il en va de même pour la consommation de substances (ex.: cigarette, alcool, cannabis). Le risque d’isolement social est aussi présent.
Trucs pour un télétravail plus en santé
- S’assurer de bien aménager son lieu de télétravail (ex.: équipement pertinent, ergonomie, endroit calme propice à la concentration);
- Peu importe le lieu de travail, penser à s’accorder des moments de pause;
- Porter attention à son hygiène de vie (ex.: sommeil, exercice, alimentation, temps pour soi) et à ce qui y fait obstacle;
- Planifier des activités sociales régulièrement au travail (ex.: réunions, 5 à 7, midis-causeries, supervision) et en dehors du travail (avec les amis et les membres de la famille);
- Ajouter des sources de plaisir au quotidien! Lire un livre dehors, appeler un ami pour discuter, danser dans son salon, jouer avec son animal de compagnie… Savourer les instants de plaisir simples pour alimenter le bien-être psychologique.
Merci à la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier pour la rédaction de cet article.