Histoire

J’ai testé: m’arrêter pour manger

4 février 2025

Temps de lecture 4 minutes
Marie-Hélène a décidé de tester une nouvelle façon d’aborder les repas en solo et en famille. Elle nous raconte comment elle a transformé une simple tâche quotidienne en moments privilégiés.

Entrevue avec Marie-Hélène

Profession: coordonnatrice administrative

Deux enfants de 12 et 14 ans en garde partagée

Objectif: prendre le temps de s’asseoir pour manger les repas du soir sans faire d’autres tâches et sans regarder des écrans.

Q
Qu’est-ce qui t’a motivée à t’arrêter pour manger?
R

Je me suis rendu compte que j’étais pas mal sur le pilote automatique dans ma vie, surtout dans l’organisation du quotidien avec mes deux enfants.

Je voyais les repas comme une suite de tâches: acheter la nourriture, la préparer, manger, faire la vaisselle. S’assurer que les enfants mangent équilibré, assez de ci, pas trop de ça, etc.

Avant, pendant que mes enfants soupaient, j’en profitais pour faire des tâches. Même si je ne les pressais jamais de manger, je continuais à faire la vaisselle ou à préparer les lunchs. Et quand j’étais seule, j’avais tendance à me faire un simple sandwich et à manger devant la télé. Je terminais mon assiette sans vraiment m’en rendre compte!

Quand les choses marchent, on a tendance à ne rien changer. Mais ce n’est pas parce que ça fonctionne que ça ne peut pas être amélioré. Je me suis dit que c’était une bonne occasion de bousculer un peu les habitudes et de profiter davantage des repas, particulièrement les soupers de semaine.

Q
Avais-tu des craintes avant de commencer?
R

Ma seule appréhension concernait les repas de semaine. Je craignais que le fait de m’asseoir et de ne «rien faire» pendant le repas, au lieu d’accomplir des tâches en parallèle, ne me mette en retard dans ma routine du soir. Mais en réalité, ça n’a pas été le cas du tout. J’ai réalisé qu’on a amplement le temps de s’asseoir et de manger tranquillement.

Q
Comment s’est passée ton expérience concrètement?
R

J’ai commencé par m’asseoir avec mes enfants plutôt que de rester debout à faire mille choses en même temps!

Pour lancer l’expérience, j’ai planifié un souper un peu festif, style apéro. J’ai préparé une planche avec différents aliments (charcuteries, fromages, crudités, etc.). Pendant le repas, j’ai proposé à mes enfants de choisir chacun leur tour une chanson. En les écoutant, on s’est mis à discuter à propos de la musique, des paroles, de nos goûts, etc. Ça nous a permis de parler d’autre chose que les traditionnels sujets du style «As-tu eu une belle journée?», «Comment s’est passé ton examen?» L’inspiration m’est venue de nos sorties au restaurant, où on passe toujours un bon moment ensemble à parler et à faire des jeux, sans écrans ni distractions. J’ai voulu recréer cette ambiance détendue à la maison.

Ça a vraiment donné le ton pour le reste de la soirée. Les enfants et moi, on a continué à écouter de la musique et on s’est même mis à danser après le repas!

Les autres soirs, c’était parfois plus simple: on faisait des devinettes ou on discutait tranquillement. J’ai aussi appris à être à l’aise avec les moments de silence.

Et pour mes soupers en solo, j’ai pris le temps de cuisiner des plats un peu plus élaborés et à mon goût comme une salade composée au halloumi grillé ou ma recette préférée de tartare de saumon! Chose que je ne fais pas nécessairement quand les enfants sont là. Ayant mis de l’effort dans la préparation, j’avais naturellement plus envie de déguster le résultat, plutôt que de le manger sans vraiment m’en rendre compte en regardant les nouvelles comme avant.

Q
Arrêter pour manger semble simple. Qu’as-tu trouvé de plus facile ou plus difficile que prévu?
R

Étonnamment, les repas en famille ont été plus faciles à transformer que les repas en solo. Avec les enfants, j’étais plus motivée, car je voyais les bénéfices directs pour eux. En solo, c’était tout de même un défi de manger sans rien faire d’autre. La tentation de regarder une émission ou les nouvelles n’est pas bien loin, mais ça m’empêche d’apprécier les aliments dans mon assiette.

Q
Quels bienfaits as-tu ressentis quand tu prenais le temps de manger?
R

Le principal changement a été dans ma façon de voir les repas. Ce n’est plus une simple tâche parmi d’autres, mais un véritable moment de pause et de partage. Ça m’a même donné envie d’inviter des gens à manger avec nous plus souvent.

Mes enfants ont trouvé l’ambiance beaucoup plus relaxante. Et c’est vrai que l’atmosphère est plus propice aux discussions quand tout le monde est assis ensemble. On parle de tout et de rien, on laisse aller la conversation, et ça donne de beaux échanges. Mon fils m’a fait remarquer que ma présence à table les rendait plus détendus.

J’ai aussi réalisé que prendre le temps de m’arrêter pour manger quand je suis seule, ça fait partie de ces petits moments qu’on s’accorde pour ralentir et relaxer.

Q
Quels conseils donnerais-tu aux personnes intéressées à essayer?
R

Je pense que, pour ce type de changements, comme pour toute nouvelle habitude, il faut un peu le réfléchir et le structurer au début, avant que ça devienne naturel. Même si ça peut paraître facile de s’asseoir pour manger, changer une habitude demande un peu d’organisation au départ. Par exemple, prévoir des petits jeux ou des sujets de conversation peut aider à rendre le moment plus engageant au début, jusqu’à ce que ça devienne spontané.

Q
Cette expérience te donne-t-elle envie de continuer ou de faire d’autres changements dans ta routine?
R

Absolument! Je compte continuer à avoir ces moments de qualité avec mes enfants et avec moi-même! J’aimerais aussi inclure davantage mes enfants dans préparation des repas. À 12 et 14 ans, ils sont assez grands pour participer. Je pense que ça les aiderait à apprécier encore plus ce qu’on mange s’ils participaient à la préparation ou même à la planification des repas de la semaine.

Q
Que retiens-tu de cette expérience?
R

Ce sont des petits changements qui ne demandent pas tant d’efforts, mais dont les bénéfices sont vraiment intéressants. Ça m’a fait réaliser que ça vaut la peine de remettre en question nos automatismes du quotidien. La vie va vite – avec les cours de judo, les cours de danse et les différents horaires –, on voudrait optimiser notre temps en faisant des tâches. Mais prendre le temps de s’arrêter pour manger et savourer le moment, en solo ou en famille, c’est assurément une habitude qui mérite d’être cultivée!

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